Repenser des abris de voiture pour favoriser la sécurité alimentaire : un premier projet d’expérimentation réglementaire accompagné par le LICER
Porté par AU/LAB et le Carrefour solidaire Centre communautaire d’alimentation, ce projet s’inscrit dans un effort pour favoriser l’accès à une offre alimentaire locale et de qualité. L’approche est originale : les serres sont construites à partir d’abris de voitures! En tant que pilote du LICER, la Maison de l’innovation sociale (MIS) s’intéresse aux implications réglementaires d’une telle démarche d’occupation du domaine public en saison hivernale. En étudiant la manière qu’a ce projet d’interagir avec le cadre réglementaire, le LICER identifie les facteurs qui permettront la pérennisation et la mise à l’échelle de telles pratiques innovantes d’agriculture urbaine.
Crédit photo : Maxime Lapostolle
Une conversion d’usage : produire de la nourriture avec des abris de voiture
Le LICER explore les implications réglementaires du projet de serres hivernales porté par AU/LAB, en partenariat avec le Carrefour solidaire CCA. Ensemble, ces acteurs joignent leurs expertises afin de pérenniser la Promenade des saveurs, jardin collectif maintenu actif en hiver par l’implantation de serres passives.
Le 12 octobre 2021 a donc débuté le montage de serres solaires passives construites avec des abris de voitures. Ces serres sont dites « passives » puisqu’elles ne sont pas chauffées artificiellement. Elles sont conçues pour capter et emmagasiner la chaleur du soleil.
Crédit photo : Maison de l’innovation sociale (MIS)
Jusqu’en mars 2022, ces prototypes de serres hivernales seront testés, notamment pour prolonger la saison des récoltes à l’automne et devancer la saison des semences au printemps, explorant ainsi le potentiel de culture de légumes à longueur d’année en milieu urbain.
Cette démarche de recherche-action a des implications variées, parmi lesquelles on compte évidemment des apprentissages sur le plan agronomique. Des données seront recueillies concernant les conditions de succès ainsi que la performance de ce type de serre dans des circonstances hivernales et urbaines. Cela permettra d’acquérir davantage de connaissances par exemple sur la production de végétaux que peut procurer une serre passive en hiver à Montréal.
On pourra aussi en apprendre davantage sur la température qui peut être atteinte par une serre montée à partir d’un abri de voiture en polycarbonate, ou encore sur l’impact des mesures d’efficacité énergétique entreprises, comme l’isolation thermique avec la neige et l’usage de couvertures semi-transparentes pour protéger les cultures.
En plus du volet agroalimentaire, cette expérimentation détient un autre pan également important qui est celui des implications éducatives de la Promenade des saveurs. Rue piétonne comestible l’été, l’objectif est de la maintenir animée l’hiver en tant que parcours de sensibilisation et vitrine sur un projet d’agriculture urbaine.
En collaboration avec Sid Lee, un travail est entamé afin de mettre au point une signalétique ainsi qu’un parcours citoyen pour favoriser l’accès à l’information, offrir une visibilité sur cette démarche innovante et éclairer sur ses bienfaits et sa pertinence en lien avec les enjeux de sécurité alimentaire.
Crédit photo : Maxime Lapostolle
L’expérimentation : à la fois une affaire d’agriculture urbaine et d’innovation réglementaire
Le LICER s’engage à recenser les bloquants et les facilitants réglementaires de cette initiative de serres urbaines hivernales et à informer les pistes d’adaptation des processus réglementaires de tels projets innovants qui ciblent des objectifs socio-écologiques.
Au-delà de l’ambition d’AU/LAB de démocratiser les serres urbaines, le LICER s’intéresse aux potentiels d’occupation du domaine public pour des projets socio-écologiques innovants. En l’occurrence, les permissions autour de l’occupation du domaine public sont habituellement accordées de façon saisonnière pour des structures dont l’usage est estival. L’objectif du LICER est d’explorer les pistes d’interventions réglementaires qui permettraient de pérenniser les usages alternatifs de la voirie, par exemple durant la saison hivernale. Pour ce faire, le travail du LICER doit aborder l’impact d’une telle occupation du domaine public sur les différentes dimensions du contexte réglementaire. Un exemple parmi d’autres est l’obtention d’une dérogation réglementaire concernant l’étendue de l’espace occupé par un équipement donné (en l’occurrence la serre) depuis la bordure de rue. Bien qu’une dérogation ait été obtenue pour cette expérimentation de serres passives, le LICER souhaite creuser le point de friction entre le règlement actuel et les besoins réglementaires du projet innovant. En effet, la démarche du LICER cherche à informer le mécanisme réglementaire afin d’y insuffler davantage d’agilité et ainsi faciliter et pérenniser de telles initiatives innovantes.
Un autre exemple de dimension réglementaire à considérer est celui de l’impact du projet sur le rôle des différents acteurs municipaux. À titre d’exemple, l’implantation des serres a dû être pensée en consultant notamment le Service de sécurité incendie de Montréal afin de s’assurer qu’il puisse continuer d’avoir accès facilement aux lieux en tout temps, ou encore différents services de l’arrondissement pour planifier le déneigement et le stationnement de rue.
En documentant de la sorte les freins et opportunités réglementaires autour du projet de serres hivernales de AU/LAB et du Carrefour solidaire CCA, le LICER vise à créer un espace permettant de tester et d’évaluer des adaptations aux cadres réglementaires avant leur application. L’expérimentation vise aussi une mise à l’échelle et un transfert de connaissances et d’apprentissages aux autres acteurs publics et aux porteurs de projets. Le LICER travaille donc à soutenir l’apprentissage collectif et l’agilité dans un contexte réglementaire afin de mieux répondre aux besoins de projets innovants qui ont le potentiel de soutenir et d’accélérer la transition socio-écologique à Montréal.
Crédit photo: Maison de l’innovation sociale (MIS)
Expérimenter pour mieux innover
Les bouleversements engendrés par les enjeux sociaux et environnementaux contemporains nous forcent collectivement à réagir afin de préserver et d’améliorer nos milieux de vie. Ces nouveaux impératifs viennent avec la nécessité de réviser les cadres réglementaires existants afin de favoriser l’émergence et la pérennité de projets qui s’inscrivent dans la transition socio-écologique. Le LICER fournit donc les moyens et l’espace pour expérimenter et ainsi soutenir des démarches innovantes, tout en prenant soin de les accorder aux besoins des Montréalaises et des Montréalais.
C’est d’ailleurs pourquoi une démarche d’écoute citoyenne visant à sonder le niveau d’adhésion de la population à de telles expérimentations dans l’espace public sera déployée au printemps 2022! Si vous habitez Montréal et que vous souhaitez y participer, inscrivez-vous ici. Nous communiquerons avec vous au moment opportun.
Vous voulez en apprendre davantage sur les porteurs du projet d’expérimentation de serres hivernales ? Consultez les sites de AU/LAB et du Carrefour solidaire CCA.
Rappelons que le LICER est un projet issu de Montréal en commun, une communauté d’innovation mise sur pied dans le cadre du Défi de villes intelligentes. Il est piloté par la Maison de l’innovation sociale (MIS), en collaboration avec le Cité-ID Living Lab de l’École nationale d’administration publique (ENAP) et Dark Matter Labs.