Les « demains » ambitieux et optimistes d’Emmanuelle Falaise
Le parcours inédit d’une innovatrice sociale
Malgré une apparente timidité, on devine chez Emmanuelle Falaise une force interne incroyable, une énergie débordante, une authenticité déconcertante et, avouons-le, une propension à rêver. Et pourquoi pas, si le rêve mène à l’action ? Lauréate de l’Incubateur civique de la MIS dans la cohorte d’automne 2018, cette innovatrice sociale et technicienne en archives médicales à temps plein met tous les moyens à sa portée pour concrétiser son projet d’innovation sociale. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à consacrer la totalité de ses vacances et quelques congés sans solde pour prendre part au parcours que lui offrait la MIS. Et quel est ce projet ?
Demain Verdun, un mouvement citoyen tourné vers l’écologie
Un mouvement citoyen local, intitulé « Demain Verdun », qui se veut « optimiste » et voué à la transition écologique. C’est un mouvement qui s’articule autour de trois principaux piliers pour répondre durablement aux grands enjeux environnementaux d’aujourd’hui :
- Inspirer les citoyens ;
- les outiller et les mobiliser autour de rencontres et d’initiatives portées par des organisations locales ou des citoyens ;
- et les soutenir dans l’action par de la mise en relation, de la visibilité et en aiguillant les porteurs d’initiatives citoyennes vers les ressources pertinentes.
Ainsi, en publiant sur sa plateforme Demain Verdun des reportages sur les différents organismes de l’arrondissement voués à l’environnement, à la participation citoyenne et à la démocratie ; en faisant la promotion de nouvelles initiatives citoyennes ; en faisant découvrir « ce qui se passe dans le petit lopin de terre de l’un et de l’autre » par le partage d’informations et d’expériences inspirantes, ainsi que des occasions de rencontre et de mobilisation collective, Emmanuelle souhaite insuffler l’action citoyenne au sein de l’ADN de cet arrondissement, et que Demain Verdun devienne un véritable porte-voix en matière d’environnement.
Je suis mue par la volonté de documenter, de rassembler et de faire connaître les solutions existantes pour réussir cette transition écologique », nous explique-t-elle. « Je souhaite offrir des choix et susciter des actions citoyennes plutôt que d’attendre que les changements nous soient imposés. On n’a pas besoin d’être un spécialiste pour passer à l’action et lancer une initiative ! C’est à nous de nous responsabiliser et d’être soi-même un acteur de changement. Si je peux, par ce mouvement, contribuer à développer un sentiment d’appartenance à une communauté solidaire et inspirer ses membres à agir, alors Demain Verdun sera un pari réussi.
Différentes rencontres qui ont mené à l’envie d’agir
Comment en est-elle venue à lancer ce mouvement ? Menée par son intuition et ses passions, c’est un peu le hasard, mais aussi les grandes rencontres qui l’ont convaincue de passer à l’action. Sans être écologiste ni experte en environnement, Emmanuelle est avant tout amoureuse de la nature. Elle a d’abord eu un déclic lors d’un séjour de travail en Alsace dans une ferme biologique. Quelques années plus tard, elle a été conquise, voire renversée par le film français intitulé Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent.
Que pouvait-elle faire, elle, la technicienne en archives médicales, l’amoureuse des lettres et de l’étymologie des mots, pour assurer le « demain » de sa communauté ? Une incursion comme bénévole pour Projet Montréal, la lecture de Demain, le Québec (signé Diego Creimer, Louise Hénault-Éthier, Karel Mayrand et Julie Roy) et une conférence qu’offrait M. Creimer à propos de ce livre à la Librairie Verdun, ont fini par la persuader qu’elle ne pouvait plus réprimer son envie de faire quelque chose pour contribuer, elle aussi, à un avenir plus serein pour la planète.
Les outils numériques au service d’un projet citoyen
Quelqu’un lui a dès lors proposé d’écrire Demain Verdun. Une autre lui a suggéré de créer un groupe Facebook. L’idée de mobiliser les autres en optant pour le moyen qui l’avait elle-même ralliée à la cause lui est apparue comme une évidence. Raconter les changements positifs, les initiatives porteuses, les parcours des acteurs de changement ; contrer le cynisme, inspirer, insuffler un vent d’optimisme pour convaincre les non-initiés à passer à l’action, voilà le mandat qu’elle s’est donné.
Elle a donc lancé son groupe Facebook en mai 2018 pour y publier des reportages sur les initiatives de ces Verdunois voués au développement durable et à la solidarité de leur communauté en espérant en mobiliser d’autres. À sa surprise, chaque fois qu’elle publiait un article sur une initiative de Verdun, une centaine de membres s’ajoutait. Peu à peu, Demain Verdun est devenu une référence au sein de la communauté locale et a pris son envol. On en redemandait. Des citoyens se sont mobilisés autour de ce mouvement et des cellules de travail thématiques ont même été créées. Mais très vite, elle a dû s’interroger sur la suite des choses pour éviter de se brûler. Et c’est au sein de l’Incubateur civique de la MIS qu’elle a trouvé de nouveaux alliés pour structurer son projet.
Faire évoluer Demain Verdun au sein de l’Incubateur civique de la MIS
À travers un parcours d’un peu plus de trois mois, elle a su préciser la mission du mouvement, repenser la gouvernance du projet, acquérir une foule d’aptitudes et de connaissances pour l’aider à soutenir et à développer sa plateforme web et les activités entourant Demain Verdun. Il a fallu reconnaître et valider ses aspirations et ses forces tout comme ses faiblesses ; apprendre à déléguer en s’entourant de gens à la fois compétents, engagés et solidaires pour partager les tâches de Demain Verdun et planifier la mise à l’échelle et la pérennité du mouvement.
Dès mes premiers contacts avec l’équipe de la MIS, on a vu en moi une leader, chose que je ne reconnaissais pas d’emblée. Je leur ai fait confiance. On m’a poussé à sortir de ma zone de confort, on m’a incité à voir que je pouvais être autre chose qu’un bon soldat et que je pouvais être visionnaire et réellement contribuer à un monde meilleur. Les aptitudes de leadership et la confiance que j’acquiers au sein de l’Incubateur civique sont indéniables et me servent bien au-delà de mon projet. Elles ont littéralement transformé mon quotidien. C’est une des plus belles expériences que j’ai vécues !
Les défis ont été nombreux pour cette personnalité qui préfère travailler en arrière-scène que sous les feux de la rampe. Troquer sa plume à l’occasion pour une prise de parole n’était pas de tout repos. Elle ajoute aussi en riant :
J’avoue avoir eu de la difficulté à adhérer à certaines méthodologies de travail qui font usage de schémas. Je navigue sûrement mieux dans l’écriture qu’en cartographie. Le Blueprint de service visant à révéler les zones cachées de mes clientèles cibles a été tout un défi !
Heureusement, elle a pu compter sur l’aide des collègues de la cohorte avec qui elle a développé de réelles amitiés.
Construire un pitch efficace, renforcer le positionnement d’un projet avec des notions de marketing plus soutenues, reconnaître les bonnes fenêtres d’opportunités, savoir quand on est prêt ou non pour passer à la prochaine étape, s’enrichir par l’écoute et le partage des expériences très diversifiées des autres lauréats, voilà autant d’éléments qui m’ont particulièrement servi jusqu’à maintenant.
Montrer l’exemple pour inspirer d’autres initiatives
Lorsqu’on lui demande si on peut espérer voir un Demain Montréal naître un jour, elle répond :
C’est par la prise en charge locale et à l’échelle des communautés que le Demain Montréal et le Demain Québec se concrétiseront. Le fait de s’ancrer dans une petite communauté est plus facile. En nourrissant un sentiment d’appartenance à une communauté, on facilite la création de capital social désintéressé chez les individus qui forment le collectif, ce qui favorise en retour les échanges, la solidarité, l’inclusion et la complémentarité dans la diversité collective et la mobilisation.
Fiers Verdunois ou non, on peut prendre plaisir à s’inspirer de ce mouvement et à puiser en lui l’inspiration pour passer nous-mêmes à l’action, peu importe la forme que cela prendra. On lui souhaite longue vie !