Repenser la ville : le projet L’Ensemble étudie de nouvelles solutions d’aménagements urbains

Adressant l’enjeu de l’aménagement du territoire, le projet L’Ensemble, porté par l’architecte Alexandre Landry et lauréat de la cohorte d’hiver 2021 de l’Incubateur civique, explore des scénarios de densification urbaine solidaire.

Élargir le champ d'intervention d’une discipline

Comment en vient-on à imaginer un projet en innovation sociale ? Parfois, il suffit d’une rencontre, d’un attrait ou d’une expérience pour réveiller une envie d’agir. Dans le cas d’Alexandre, c’est sa participation au Rural Studio de l’Université Auburn qui va provoquer l’étincelle. Étudiant en architecture, il dessine et construit des projets résidentiels dans une zone rurale de l’état d’Alabama où l’accès à la propriété et à un logement décent abordable est difficile. Il entrevoit ainsi la possibilité de mettre sa discipline, l’architecture, au service d’une cause socio-environnementale et d’élargir ainsi son champ d’intervention habituellement réservé à une clientèle financièrement aisée.

Afin de répondre à la mission qu’il s’est donnée de rendre l’architecture accessible au plus grand nombre, il crée sa propre entreprise. En installant son bureau dans les locaux du Projet Young — une initiative pilote d’urbanisme transitoire menée dans un bâtiment vacant du quartier Griffintown jusqu’en janvier 2020 — Alexandre fait la connaissance de l’équipe de la MIS qui occupait également les lieux.

« Je voyais un groupe se réunir régulièrement dans la grande salle de réunion et travailler fort sur des sujets passionnants. J’ai appris par la suite qu’il s’agissait des ateliers de l’Incubateur civique. Quand j’ai pris connaissance du programme proposé par la MIS, cela m’a donné l’impulsion de concrétiser une idée qui m’habitait depuis un certain temps. » — Alexandre

Crédit photo : Jérôme Guibord

Comment mieux vivre en ville ensemble ?

Malgré les projets à impact social et environnemental positif dans le cadre de sa pratique, Alexandre reste préoccupé par l’évolution du territoire urbain montréalais. Dans les quartiers centraux de la ville, il est de plus en plus difficile de se loger à un prix raisonnable, incitant la population à déménager vers des quartiers périphériques plus abordables et donc à étendre la surface des zones urbaines. Ce phénomène d’étalement urbain engendre des impacts environnementaux, sociaux et économiques. Il entraîne en effet une forte dépendance automobile nécessaire aux déplacements dont la distance et le temps ne font que s’allonger. Il en résulte une hausse des embouteillages, des émissions de gaz à effet de serre et des coûts liés au transport. En parallèle, dans les quartiers centraux, la population perd de sa diversité et avec elle, la vitalité et le charme de la vie urbaine.

Tout un écosystème composé d’organismes privés et publics est déjà en place et travaille d’arrache-pied à contrer ces enjeux. Or il en résulte principalement des projets de grande taille et de densité élevée pour lesquels les terrains disponibles se font rares et attisent la compétition avec les compagnies en investissements immobiliers traditionnels.

Alexandre imagine une autre approche architecturale d’accessibilité aux logements. Une solution serait de densifier les quartiers centraux par la construction de nouvelles unités d’habitations sur des portions de propriétés de particuliers qui ne sont pas utilisées à leur plein potentiel, tout en les maintenant abordables grâce à un partenaire en développement immobilier solidaire. Un défi audacieux qu’il entend relever grâce à son projet L’Ensemble et avec l’appui de l’Incubateur civique. Il envoie sa candidature lors de l’appel à projets… mais son dossier n’est pas retenu :

« L’idée était là, mais la forme que j’avais imaginée comportait trop d’angles morts, notamment sur la question de la réglementation. Le jury les a identifiés et m’a donné des conseils pour mieux appréhender cette composante du projet. Cela m’a motivé à retravailler sur la solution et cette fois ma candidature a été acceptée pour intégrer la cohorte d’hiver 2021 ! » — Alexandre

D’une vision à une expérimentation

Alexandre entame le parcours d’accompagnement avec une vision à long terme pour son projet, celle d’une participation collective d’architectes où L’Ensemble se positionnera comme un laboratoire d’innovation en architecture résidentielle.

Car, contrairement aux projets de réhabilitation de grande envergure comme la transformation des anciens complexes industriels, L’Ensemble choisit de concentrer son activité sur des petites parcelles, des toits ou encore des ruelles. En somme, des friches qui ne font pas l’objet d’investissements immobiliers traditionnels en raison de leur forme irrégulière, de leur taille, de leur emplacement à l’intérieur d’un terrain mais qui pourraient être rendues disponibles à la construction.

L’intention étant posée, comment parvenir ensuite à faire atterrir une version du projet dans un cadre qui pourrait mener à une expérimentation concrète ? Lorsque les idées affluent, une étape primordiale est de décomplexifier le projet, puis d’identifier les sphères dans lesquelles travailler, parfois en parallèle, pour avancer.

« L’Ensemble va réunir des secteurs pointus, comme le financement et la réglementation, en plus de l’architecture. Intégrer ces composantes au projet était un défi de taille. Grâce à l’accompagnement de la MIS, j’ai réalisé que je devais m’appuyer sur des organismes existants et non pas les recréer dans la structure de L’Ensemble. Le projet a alors évolué pour adopter une posture d’intermédiaire, afin de créer du lien entre les acteurs et actrices de cet écosystème et initier des partenariats. » — Alexandre

Des contacts ont déjà été établis avec des sociétés immobilières solidaires, des groupes de ressources techniques, des organismes communautaires, la Ville de Montréal et autres municipalités du Québec.

Ces discussions avec diverses entités et la validation terrain initiée dans le parcours de l’Incubateur civique mènent Alexandre dans le quartier Rosemont. Ce secteur, qu’il connait intimement pour y avoir grandi, est propice aux idées nouvelles et ouvert à l’adaptation des règlements municipaux nécessaire au déploiement d’initiatives inédites. Des concepts sont d’ores et déjà à l’étude par L’Ensemble tels qu’un cohabitat évolutif, un micro-duplex, un ‘plug-in’ urbain et autres architectures hybrides. Ces approches vont permettre de revisiter des espaces occupés non résidentiels et d’y ajouter un élément destiné à l’habitat.

« En tant que professeur invité à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, j’ai eu l’opportunité d’entamer le développement de tout le volet architectural du projet avec les étudiants et étudiantes de troisième année. Le sujet les a beaucoup inspirés et les résultats sont fascinants. On a notamment identifié une approche à haut potentiel qui pourrait être déployée au courant de l’année 2022 sur l’île de Montréal et au-delà. » — Alexandre

Le projet attise votre curiosité ? L’Ensemble est une organisation en démarrage et ses besoins sont multiples : partenariats, financement, expertise. Les personnes intéressées à en savoir plus ou à s’impliquer peuvent s’inscrire sur le site web de L’Ensemble.

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