L’histoire a vu son lot d’innovations technologiques et scientifiques dans toutes les époques et sphères de la société : dans les sciences, le transport, les infrastructures, la technologie, les communications et d’autres encore. En sortant des laboratoires, les innovations telles la roue, l’avion, la pénicilline, l’Internet, le iPhone, ont révolutionné et transformé la société. Et c’est justement parce qu’elles répondaient à un besoin inassouvi ou à une problématique précise vécue, ou parce qu’elles ont été conçues pour offrir une expérience engageante, qu’elles ont dès lors été adoptées tout naturellement par le marché et qu’elles ont généré un domino d’impact dans toutes les sphères de la société.
À quoi sert l'innovation sociale?
Il en va de même pour l'innovation sociale.
Avant d’aboutir comme innovation sociale, il y a d’abord une nouvelle idée qui émerge pour répondre à un enjeu complexe et persistant lié sur le plan social et environnemental, comme le réchauffement climatique ou la croissance entre les inégalités. Cette idée, qui se veut une réponse potentielle à l’enjeu soulevé, peut se qualifier « d’innovation » une fois seulement qu’elle est déployée et adoptée par la population ciblée, tout comme l’invention qui acquiert progressivement sa dénomination en tant qu’innovation technologique ou scientifique. Le microcrédit, les coopératives d’alimentation ou le commerce équitable sont de bons exemples d’innovations sociales qui ont été adoptées par de multiples communautés à travers le temps et qui ont provoqué un changement systémique dans leurs collectivités.
La nuance est qu’une invention ou une idée peut certes dormir dans le tiroir de son idéateur, mais elle devient une « innovation » du moment que les communautés et le marché se l’approprient. C’est là la principale distinction entre une invention et une innovation !
La force de l'innovation sociale
Faire cavalier seul, c’est se vouer à l’échec. Et puisque toute action a un effet d’entraînement, ni les entreprises, ni les institutions publiques, ni les philanthropes et ni les citoyennes et les citoyens ne peuvent répondre seuls aux enjeux complexes et systémiques de la société sans l’apport de toutes les actrices et les acteurs clés du système. C’est pourquoi la MIS privilégie l’innovation sociale, dont l’approche inclusive repose sur l’engagement et la coopération de toutes les parties prenantes autour d’un enjeu. Elle adhère à une approche qui va au-delà de la simple bienfaisance ou du compromis afin de privilégier la résolution définitive. La MIS prend le parti de la complexité et se passionne pour les nœuds et les impasses, car elle sait que c’est par leur dénouement que des solutions innovantes à impact positif émergent et conduisent le véritable changement.
Les critères d'identification d'une innovation sociale démystifiés
La MIS se veut inclusive des différentes approches de l’innovation sociale et se veut un espace d’échange et d’expérimentation permettant à une grande diversité d’acteurs socio-économiques d’apprendre les uns des autres. En s’inspirant de la définition proposée par le Réseau Québécois en innovation sociale, la MIS résume ici les principaux critères d’identification d’une innovation sociale :
- L’innovation sociale peut prendre différentes formes : un produit, un service, un processus, un programme, une politique, une plateforme numérique voire même une loi ou un règlement public. Ce peut être une solution nouvelle à une problématique sociale et environnementale complexe ou encore une amélioration d’une solution existante. L’innovation sociale mise avant toute chose sur le plein potentiel des communautés impliquées dans la démarche afin de sans cesse élargir et renouveler la portée de l’impact positif social et environnemental qu’elles génèrent;
- elle est issue d’une démarche propre à l’innovation qui allie recherche, créativité, expérimentation et pensée critique, ainsi que concertation et cocréation entre toutes les parties prenantes d’un projet, dont les usagers concernés;
- elle est adoptée par ses usagers et non pas imposée, son potentiel d’appropriation ayant été validé en amont auprès de ces derniers;
- elle se répercute sur l’ensemble d’une collectivité et non seulement sur un individu;
- elle vise à transformer des systèmes, bien qu’on dénote différents niveaux d’impact positif selon le type d’innovation sociale en question.
L’innovation sociale peut prendre différentes formes : un produit, un service, un processus, un programme, une politique, une plateforme numérique voire même une loi ou un règlement public.
Les différentes échelles de l'innovation sociale
01- Innovation frugale
C’est une démarche qui permet de répondre à un besoin le plus simplement et efficacement possible, en utilisant un minimum de moyens, souvent en transformant l’usage d’un service ou d’un produit existant. On fait référence ici au fameux « Système D » : c’est-dire chercher des opportunités dans l’adversité, faire plus avec moins, penser et agir de manière flexible, viser la simplicité, inclure les personnes en situation d’exclusion au sein de solutions existantes, etc.
02 – Innovation incrémentale
Il s’agit d’une amélioration à une innovation existante, qu’elle soit technique ou organisationnelle. Cette amélioration nécessite peu d’opérations complexes. Elle permet de prolonger la durée de vie d’une solution (service, produit, processus, etc.) en la faisant évoluer au fil des besoins ou de la problématique envisagée.
03 – Innovation de rupture
On fait référence ici à une innovation majeure qui bouleverse et transforme radicalement tant les habitudes des instances décisionnelles, des entreprises qui produisent ou fournissent en services que celles des communautés, des clients et clientes sur un enjeu social défini.