AcadieLab – Laboratoire vivant en milieu agricole
L’AcadieLab est un laboratoire vivant en réhabilitation des agroécosystèmes de la rivière L’Acadie, située sur la rive sud de Montréal. Il est le seul laboratoire vivant en milieu agricole certifié par le European network of Living Labs (ENOLL) au Canada.
Pourquoi l’AcadieLab ?
L’AcadieLab est né de la rencontre d’un agronome – Samuel Comtois, et d’une biologiste – Marie-Pierre Maurice, tous deux œuvrant chez le Groupe Pleine Terre Inc, d’une professeure au département des sciences de l’environnement de l’université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) – Julie Ruiz et de notre conseillère principale en transfert des compétences, design et innovation ici à la MIS – Virginie Zingraff.
Portés par la volonté de réinterroger la façon de faire des projets de gestion intégrée en environnement et d’augmenter l’impact positif de leurs actions, ils sollicitent alors la participation active des producteurs agricoles du bassin versant de la rivière L’Acadie à travers le Club agroenvironnemental Techno-Champ 2000, et lancent l’AcadieLab.
La mission de l’AcadieLab
L’AcadieLab est un projet collectif d’aménagement intégré qui déploie depuis 2015 des processus de cocréation et d’expérimentation de solutions de réhabilitation des agroécosystèmes adaptées aux agriculteurs du bassin versant de la rivière L’Acadie en Montérégie. Ces innovations sont implantées directement sur les fermes par les producteurs agricoles, avec l’ensemble des parties prenantes de la démarche.
Il s’agit d’un laboratoire vivant qui croise les savoirs des scientifiques, et ceux des experts et des producteurs agricoles pour faire émerger les solutions agroenvironnementales qui soient à la fois pérennes et adaptées aux exploitations et aux exploitants.
L’AcadieLab vise trois objectifs spécifiques :
- Coconstruire et expérimenter des améliorations ou des nouvelles pratiques agroenvironnementales qui soient adaptées à la diversité des besoins économiques et sociaux des agriculteurs, en cohérence avec les enjeux environnementaux, tout en assurant un suivi scientifique à la fois environnemental et social de la santé de l’agrosystème.
- Induire un changement de comportement à long terme chez les parties prenantes, dans leur relation à l’agroécosystème, mais aussi entre elles; reconnecter les non-agriculteurs à la réalité agricole, et l’agriculteur à la réalité de l’écosystème.
- Renforcer les capacités individuelles et collectives de ces acteurs pour stimuler en continu les recherches novatrices et accélérer la génération et le transfert de connaissances et des innovations.
L’AcadieLab adopte une démarche de science participative
Faire participer des experts de façon exclusive dans une démarche d’expérimentation et d’innovation positionne l’usager en posture passive et l’empêche de s’approprier les connaissances et les enjeux d’une problématique. Cela freine aussi sa capacité à apporter son savoir et son expertise du quotidien pour favoriser l’adaptation des solutions qui lui sont proposées à son milieu. En privilégiant une démarche de science participative, en reconnaissant que le producteur agricole est le mieux placé pour connaître le fonctionnement de sa ferme, l’AcadieLab répond justement à cette problématique. C’est donc à travers des méthodologies d’innovation que l’AcadieLab parvient à dépasser les barrières d’adoption chez les producteurs agricoles et à stimuler les échanges de savoir diversifiés pour générer des innovations qui ont plus d’impact.
La science participative en lien avec le laboratoire vivant
Un laboratoire vivant, ou living-lab, vise à cocréer plutôt qu’à concerter. Son point de départ n’est ni la solution prédéterminée, ni la recherche de consensus, mais la créativité par la divergence, car le laboratoire vivant valorise avant tout les savoirs d’usage et l’expérience des bénéficiaires qui sont au centre de la cocréation des solutions. C’est pourquoi, dans un laboratoire vivant, ce sont les bénéficiaires (ici les producteurs sur leurs fermes, les agronomes en conseil, etc.) qui en sont les contributeurs actifs et les porteurs de la démarche.
En replaçant l’agriculteur au centre de la démarche et en l’identifiant comme porteur des expérimentations et des innovations, il se crée une véritable dynamique de coconstruction d’un plan d’action commun pour le territoire. Les savoirs de multiples parties prenantes de l’agroécosystème profitent à cette quête de solutions et à la sauvegarde de notre environnement.
L’impact de l’AcadieLab
Peut-on dire aujourd’hui que c’est mission accomplie pour l’AcadieLab et que l’agriculteur peut désormais s’approprier les solutions et les garder en pratique sur le long terme ?« C’est comme demander à quelqu’un de devenir végétarien du jour au lendemain. » affirme Julie Ruiz, spécialiste des enjeux socioculturels de la réhabilitation des agroécosystèmes et membre fondatrice de l’AcadieLab. Sans les outils du laboratoire vivant, tels que la cocréation, l’exploration, l’expérimentation en condition réelle et l’évaluation, il serait en effet bien difficile d’impliquer les agriculteurs dans la démarche.
Aujourd’hui, bien au-delà des actions suivies ou abandonnées au gré des subventions gouvernementales, les premiers résultats de l’AcadieLab ont démontré une prise de conscience de l’importance d’une action collective et concertée face aux défis de la réhabilitation des agroécosystèmes ainsi qu’une mobilisation importante de la communauté agricole.
Source : Ruiz, Julie; Dumont, Aurélie; Zingraff, Virginie. « Une méthodologie de cocréation pour renouveler l’action collective » (chap. 10) dans Penser le gouvernement des ressources naturelles – Presses de l’Université Laval, 2019.
L’AcadieLab est co-porté par un partenariat public, privé et citoyen, qui associe les ressources d’un large écosystème d’acteurs dans la chaîne d’innovation en agroenvironnement*. Parmi ces acteurs, on retrouve l’UQTR, le Groupe Pleine Terre inc., la Maison de l’innovation sociale et le Club agroenvironnemental Techno-Champ 2000, dont 70 membres qui sont des producteurs agricoles du bassin versant de la rivière L’Acadie.
*Autres acteurs impliqués :
- 6 universités : UQO, UdeM, UQAR, Université Laval, McGill University et Concordia;
- des collaborateurs en recherche technologique et autres laboratoires vivants: Laboratoire d’innovation territorial de Limagne (France), Société des arts Technologiques de Montréal;
- des représentants des ministères fédéraux et provinciaux : Agriculture et Agroalimentaire Canada, MDDELCC, MAPAQ;
- des représentants des pouvoirs publics locaux et régionaux : Municipalité régionale de comté, Centre local de développement;
- des collaborateurs locaux : COVABAR, Prisme, club Agri-Action, Regroupement Québec Oiseaux, Pôle d’excellence en lutte intégrée;
- des représentants du syndicat agricole : UPA.
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